Quatre tempéraments, quatre clefs pour la santé

Oct 10, 2017 | publié dans Pluriel Nature

Depuis La nuit des temps, l’homme observe son environnement et prend conscience des quatre éléments dont il perçoit la nature subtile.

Ainsi le principe Eau, mobile, adaptable, froid, génère l’humide, le liquide. Le principe Terre, solide, sec produit la matière dense, le minéral. Le principe Air, volatil, instable est à l’origine du mouvement, de l’action. Enfin le principe Feu, chaud, produit de l’énergie, engendre la force. De ces observations émergera au cours de l’antiquité grecque la théorie des tempéraments.

A partir d’une stricte observation de la morphologie, des signes cliniques et du comportement, qu’il relie aux éléments, Hippocrate de Cos, distingue quatre tempéraments : le Lymphatique, le Sanguin, le Bilieux et le Nerveux. Chaque individu est plus ou moins « dominé » par une humeur, lymphe, sang, bile, « atrabile » qui s’exprime à travers le tempérament. Ce sont les humeurs circulant dans l’organisme qui orientent le caractère particulier d’un individu et déterminent certaines de ses prédispositions. Elles s’expriment alors par des comportements et des manifestations physiques, chez le sujet bien portant comme chez le malade.

Pour Hippocrate, la maladie ne trouve pas son origine dans une cause surnaturelle, comme le prétend la médecine de son époque. Ce n’est pas une malédiction mais bien un déséquilibre du milieu intérieur dont il faut rechercher la cause, dans l’environnement, l’alimentation ou le mode de vie.

Le tempérament
Dans le langage courant, « avoir du tempérament » signifie avoir du caractère, manifester une personnalité affirmée. Le mot « humeurs », étroitement associé au tempérament, désignait chez les anciens, à la fois l’état de notre milieu biologique intérieur et notre comportement. Ne dit-on pas communément « être de bonne ou de mauvaise humeur», « se faire du mauvais sang», « se faire de la bile», « être lymphatique», « être nerveux », « avoir un coup de sang » ?
Le tempérament n’est pas seulement le reflet passager d’un état émotionnel ou le trait plus marqué de la personnalité, il est aussi un véritable livre ouvert sur la nature profonde de chacun d’entre nous. Le tempérament est loin d’être figé, il est le reflet de la vie, c’est une dynamique permanente qui parfois s’exprime de façon excessive ou insuffisante. L’énergie de chaque élément s’exprime à travers les « humeurs » et se révèle dans le tempérament.
Ainsi :
L’Eau, de nature froide et humide, s’exprime à travers la lymphe (Lymphatique)
L’Air, de nature chaude et humide, s’exprime à travers le sang (Sanguin)
Le Feu, de nature chaude et sèche, s’exprime à travers la bile (Bilieux)
La Terre, de nature froide et sèche, s’exprime à travers « l’atrabile » (hormone ?) (Nerveux).

Le Lymphatique
Le tempérament lymphatique est le plus adaptable de tous, dans la recherche de la sécurité, matérielle et affective. Il ne remettra pas en question les règles, les lois, les engagements par peur de perdre ce qu’il a obtenu à force de persévérance. Dans sa relation à l’autre, il est agréable, serviable, dans la recherche du lien durable et profond. Il n’apprécie pas les relations superficielles et préfère s’entourer de quelques amis fidèles plutôt que de vivre des relations creuses et éphémères. Il est digne de confiance et est apprécié pour ses qualités.
Physiquement il est plutôt bréviligne, les membres sont plutôt courts, ainsi que les doigts qui sont également assez carrés. Les formes du corps sont généralement rondes, les chairs peu toniques, parfois tombantes (sur le visage notamment). Le regard perdu, parfois éteint. La peau est fine, fraiche ou froide, plutôt claire, voire « transparente ». La rétention d’eau et la mauvaise circulation veineuse de retour sont assez caractéristiques. Les éliminations peuvent être ralenties, le transit souvent perturbé, la récupération plus longue après l’effort.
L’alimentation du Lymphatique doit être stimulante, échauffante (production de chaleur dans l’organisme), asséchante et légèrement épicée, afin de relancer les mécanismes de la digestion.

Les plantes ayant la plus grande affinité avec le tempérament lymphatique par le pouvoir régulateur qu’elles opèrent sur la circulation lymphatique et sanguine ainsi que sur les mécanismes d’élimination rénale sont le bouleau, la bruyère, la busserole, la canneberge, le cassis (feuilles), la reine des prés, la vigne rouge et l’hamamélis.

Le Sanguin
Le Sanguin est un être social dont le moteur principal est le plaisir. Il s’épanouit en créant du lien et en jouissant de la vie. L’énergie du Sanguin s’exprime à travers le besoin de reconnaissance affective : être aimé, admiré, reconnu pour sa sympathie, sa bonne humeur, son humour. Il est affectueux et donne sans attendre en retour. Il est un peu fusionnel avec les personnes qu’il aime et fait tout pour conserver le lien. C’est un rassembleur qui n’aime pas le conflit et il cherchera toujours à relier les uns et les autres…tant qu’il y trouve du plaisir ou de la reconnaissance.

Il n’est pas enclin à l’effort dans la durée. Il s’adapte de façon sélective, en fonction de ce qui est plaisir ou déplaisir. Sensible, il ressent les ambiances et attache plus d’importance à la forme qu’au fond.

Bréviligne et dilaté, le sanguin donne une impression de solidité, de force avec une allure ramassée et compacte. Les chairs sont plutôt toniques, les membres courts et les doigts forts et carrés. La poignée de main est agréablement ferme et enveloppante, avec une certaine rondeur et une chaleur qui reflète le côté généreux de ce tempérament. La peau est plutôt chaude, parfois humide et souvent d’une coloration allant du rosé au rouge vif.

Les systèmes cardio-vasculaire et respiratoire sont les plus fragiles et les maladies de surcharges l’affectent plus que les autres tempéraments, ce qui le prédispose aux problèmes circulatoires (stases, varices, phlébites), à l’hypertension artérielle et aux accidents vasculaires
Le mode alimentaire le mieux adapté pour le Sanguin devrait exclure tout ce par quoi il est fréquemment attiré et qui a tendance à l’exciter et à l’échauffer, comme les viandes rouges, la charcuterie, l’alcool, le café. Il doit aussi éviter les aliments riches en acides gras saturés, ces aliments aggravant les risques cardiovasculaires.
Les plantes qui améliorent le fonctionnement du Sanguin au niveau de la sphère cardiovasculaire sont l’olivier, le marronnier d’inde, l’aubépine (fleurs et fruits), l’hamamélis, le ginkgo biloba (chez le sujet plus âgé).

Le Bilieux
Le Bilieux se caractérise par son besoin de maîtrise et de contrôle dans tous les domaines de sa vie. Il tente de façonner le monde à l’image de ce qu’il voudrait qu’il soit, afin de pouvoir en connaitre et en maîtriser les moindres rouages. Il s’adapte difficilement, par contre il fait en sorte que son environnement s’adapte à ses besoins. C’est un bâtisseur, il porte un projet et se sent investi d’une mission, quel que soit le domaine dans lequel il se trouve. Sa vie est un projet en soi, un engagement, un édifice à construire et il est persuadé que rien ne lui résistera et que tout ce qu’il entreprendra a toutes les chances de réussir. Il a en général une bonne estime de lui et parfois une grande confiance en lui.

Il a le sens de la justice, du respect des règles, de la parole donnée, et ne peut imaginer qu’on y déroge.

On dit du Bilieux qu’il est colérique (souvent synonyme de Bilieux) mais il se met rarement vraiment en colère, il est plutôt agacé, impatient. Le Bilieux maîtrise cette émotion, il la gère même sur le long terme, un peu comme le feu que l’on maintient sous le boisseau, mais s’il s’embrase, c’est l’incendie qui détruit tout sur son passage.

Plutôt longiligne, le Bilieux, également appelé « musculaire », est d’allure athlétique et donne une impression d’harmonie. Même s’il n’est pas grand, il paraît élancé, souple et tonique.

Disposant d’une force vitale élevée, il est plutôt en bonne santé. Toutefois, si son activité physique baisse, il a du mal à éliminer les déchets du métabolisme, notamment à cause de sa fragilité hépatobiliaire. Le foie et la vésicule biliaire sont alors très vite surchargés, ce qui affecte le milieu humoral dans un premier temps puis les tissus plus profonds. Toujours dans le mouvement, le Bilieux ne tient pas en place, l’exercice physique est essentiel pour lui car il se défatigue à l’effort.

Sur le plan alimentaire, du fait de sa faiblesse hépatique, le Bilieux doit éviter les aliments trop riches en acides gras saturés, les fritures, les viandes et les œufs en grande quantité ainsi que les aliments acidifiants. Il doit plutôt s’orienter vers les crudités, les légumes, les fruits, et tout aliment qui « rafraîchit ». Quant à la consommation d’eau, de qualité, elle doit être régulière et importante chez ce tempérament où le feu domine.

Le tempérament Bilieux bénéficiera particulièrement des plantes dont le tropisme hépatique est important comme le chardon marie, l’artichaut, la fumeterre, et le desmodium.

Le Nerveux
Le terme « nerveux » ne fait pas référence au comportement habituel que nous associons à cet adjectif. Il ne s’agit pas d’un individu excité ou énervé, mais au contraire d’une personne plutôt posée et réfléchie, s’appuyant prioritairement sur ses ressources nerveuses et cérébrales pour s’adapter au monde. Le Nerveux est le tempérament le plus introverti de tous. Il a besoin d’observer, d’analyser, de comprendre avant d’agir et d’interagir avec son environnement. Il a très peu de marge d’adaptation et évite les situations qui le mettent en difficulté en se réfugiant dans son monde intérieur.

Sélectif dans ses relations, il choisit ses amis selon des critères d’intelligence, de centres d’intérêts communs, en veillant à ce qu’ils ne soient pas trop intrusifs et envahissants. Le Nerveux est aussi appelé « cérébral » par analogie à cette activité particulièrement importante qui le caractérise au niveau mental. Avant d’être un corps physique ou émotionnel, c’est avant tout un individu tourné vers l’esprit. Il ne perçoit pas vraiment les signaux de son corps et ne sait pas les interpréter.

C’est un sujet longiligne, plutôt grand, quelquefois maigre, parfois hyperlaxe ou légèrement voûté. Le visage est souvent étroit et le teint est parfois gris, voire cireux. Le regard est inquiet, mélancolique ou triste, difficile à capter. Les membres et les doigts sont longs, la peau desséchée, la poignée de main froide et sèche. Les gestes sont quelquefois mal assurés, saccadés, impatients. L’acidose tissulaire, la cristallisation des dépôts acides au niveau ostéo-articulaire, la sclérose de certains tissus sont les principales évolutions que le Nerveux doit craindre. La nature froide et sèche de ce tempérament favorise la rétraction et le ralentissement des échanges.

Le mode alimentaire le plus approprié pour le Nerveux repose sur des apports plus importants en glucides comme les féculents, les céréales, les sucres à index glycémique bas, les fruits, sauf ceux qui sont trop acides. Cela permet d’apporter l’énergie nécessaire à l’organisme en général et au système nerveux en particulier. Pour soulager son système digestif très souvent perturbé par le stress et mobiliser un minimum d’énergie, il est préférable qu’il mange en petite quantité et fréquemment. Les huiles riches en acides gras polyinsaturés sont particulièrement indiquées chez lui, afin de soutenir et protéger le système nerveux : noix, colza, chanvre, lin…
Afin d’équilibrer ce tempérament on recherchera les aliments dont la nature est chaude et humide, avec un apport quotidien d’au moins un litre et demi d’eau, tiède si possible, ou sous forme d’infusion. L’apport journalier en acides gras polyinsaturés est particulièrement important pour ce tempérament dont le système neuroendocrinien est un grand consommateur.

Le tempérament Nerveux tirera avantage à utiliser des plantes au tropisme neuroendocrinien. Ainsi la sauge (salvia officinalis en usage traditionnel uniquement : tisane ou décoction) ou le houblon seront de bons régulateurs de l’axe hormonal, alors que l’eschscholtzia, la passiflore ou la valériane auront une action de régulation du système nerveux.

A la recherche de l’équilibre

Lorsqu’un tempérament s’exprime fortement, c’est qu’il existe un déséquilibre entre les quatre énergies. Le comportement comme le terrain sont alors surexprimés et des perturbations psycho-émotionnelles comme physiologiques peuvent apparaitre. On observera l’aggravation de certains comportements caractéristiques du tempérament (émotions exacerbées, névroses…) ou le glissement du milieu humoral vers l’acidose, l’oxydation ou la sclérose, ouvrant ainsi la porte à la maladie. Le naturopathe, dont la vocation première est de prévenir, sera très attentif au moment du bilan de vitalité à l’analyse tempéramentale de son client, afin de corriger avec lui en amont tout déséquilibre tempéramental qu’il pourrait constater.

L’équilibre tempéramental est un véritable espace de stabilité qui nous est accessible, dès lors que nous en connaissons les clefs et que nous nous les approprions au quotidien.

Dominick Léaud-Zachoval